Souvenirs d’Autos (433) : La vieille anglaise dévergondée

- "Hallo Frédéric. Are you still alive ?"

C'est par cet accroche assez surprenante avec un accent allemand à couper au couteau que j'ai replongé plus d'un an en arrière.

Lors de notre rapide voyage début décembre vers le Nord de l'Europe pour aller voir quelques voitures, nous avions fait un arrêt en Allemagne pour y voir un cabriolet Alfa-Romeo 2600.

De fait, la voiture s'était révélée « bien », mais sans plus. Et nous promenant dans les différentes salles du « coffre à jouets », étions tombé sur une petite MGA coupé de première série (1500cc). Gréée rallye, avec son phare supplémentaire sur le bout du nez et l'autre sur le toit, son « sac à dos » sur le coffre, elle était mignonne comme tout. Et je n'évoque même pas le craquant support de bougies de rechange sous son capot ! Et qui plus est pas (trop) chère. Mais sans coup de foudre immédiat, nous avions repris la route vers les Pays-Bas où nous avons finalement acheté les deux Minis.

De loin en loin, nous avions reparlé de la MG. Mais sans plus nous y attarder. Nous avions finalement décidé de l'acheter suite à une discussion avec le vendeur, revu à l'occasion de son déplacement à Rétromobile. Accord de maquignons scellé par un « top-là » dans les allées du salon, puis échange de contrat par courriel et paiement par transfert bancaire. Mi-février la voiture était « à nous ». Nous avions alors résolu d'aller la chercher ultérieurement, pensant que le voyage de retour serait l'occasion de « faire connaissance avec elle ».

Mais le temps passe vite. Et les divers aléas de la vie (et notamment avec la gestion de l'équipe de WEC) nous avait sans cesse fait remettre à demain ce que nous pouvions ne pas faire le jour même...

D'où l'appel du vendeur qui me rappelait qu'il avait toujours dans un de ses hangars une voiture officiellement vendue et intégralement payée... depuis plus d'un an !

Bon, j'admets que ce n'est pas très brillant... Mais pas si rare que l'on pourrait croire. Un de mes amis, propriétaire d'une jolie collection de (très) belles voitures à qui j'osais m'en ouvrir se figeait alors que je lui racontais penaud mon « oubli » :

- "Mince... Tu me fais penser que moi aussi j'ai une voiture que j'ai payée et que je ne suis toujours pas allée chercher. Cela fait presque deux ans. Et comme je connais ce filou de vendeur, il n'est pas dit qu'il en ait profité pour la revendre entre-temps !" 

Comme quoi le vieux dicton : « Lorsque je me regarde, je ne suis pas fier. Lorsque je me compare, ça va mieux. » m'a soulagé.

La MGA sera finalement livrée quelques semaines plus tard.

Elle a participé à quelques événements, allant même jusqu'à Malte où Sylvie la présentera notamment au concours d'élégance où elle tiendra dignement son rang auprès de la 250SWB de notre ami Egon (nous avons retrouvé des images de la voiture et de sa conductrice non seulement sur le site d'Air Malta, mais sur divers blogs en Allemagne et Autriche, et même sur ceux « d'influenceuses » mode à New-York et jusqu'au Japon !). Et que dire de notre équipée pour l'amener avec « Red Devil » jusqu'au point de rendez-vous avec le camion transporteur devant les prendre en charge toutes deux jusque là-bas. Drôle de convoi que celui d'une Mini immatriculée aux Pays-Bas, sur une remorque immatriculée en France, tirée par un ML suisse, alors que leur propriétaire suivait dans une MGA en plaques allemandes. Dieu merci, nous ne sommes pas tombés sur la douane volante. Tout était non seulement légal, et logique au vu de la situation. Mais nous aurions certainement perdu beaucoup de temps à en expliquer le pourquoi ! (Les immatriculations françaises finiront par arriver « presque » à temps, et nous prendrons l'avion avec les nouvelles plaques dans nos bagages, pour les changer sur le paddock !).

Elle aura même les honneurs de la couverture de LVA à l'occasion des 10 ans des « Classic Days » où notre « vieille anglaise indigne » comme Sylvie aimait à la désigner, tint finalement fièrement son rang sur un tracé pourtant pas du tout idéal pour une voiture de rallye.

Malheureusement, elle nous sera volée ultérieurement.

Depuis, « quand je pense à la vieille anglaise » l'envie d'une MGA revient périodiquement.

Une « twin cam » (mais les feux arrière sont moins jolis que ceux de la première série) ?

Un roadster (mais il n'a pas le charme de l'habitacle rondouillard du coupé) ?

Un coupé (mais sans le plaisir de rouler cheveux au vent).

A moins que la quadrature du cercle ne soit un roadster twin-cam, avec un hard-top...

Seul l'avenir nous le dira.