Viper SRT-10 : douce violence !

Le tonnerre vient d'éclater à travers ses deux échappements latéraux.  Au ralenti, son V10 de 8,2 l ronronne grave comme un fauve prêt à bondir. Son propriétaire m'invite à faire un petit tour pour dégourdir les jantes de sa Viper. Une voiture à double visages. Bienveillante, presque douce jusqu'à 2 000 tr/mn (170 km/h quand même en 6eme !)  Puis violente voire sauvage au delà avec l'impossibilité de l'exploiter sur routes ouvertes. Zéro à cent en 3,9 secondes, 300 km/h. Et surtout, un couple de 712 Nm qui impose à se poser quelques questions existentielles avant d'écraser l'accélérateur où elle bondit sans changer de rapports.  Sa tenue de route m'a tout de même bluffé en virage de même que l'adhérence surprenante de ses roues arrière. Rappelons qu'elle n'avait pas d'anti-patinage ni d'ESP. Cela dit, sous la pluie, ce ne doit pas être la même chanson. Son propriétaire qui a un bon coup de volant m'a avoué ne l'avoir jamais conduite, pardon piloté, sur une chaussée mouillée.

La SRT 10 offrait une silhouette plus épurée que celle de la précédente. Elle ne mesure que 1,21 m de haut contre 1,94 m de large

La poupe est plus massive s'étirant sur 4,46 m de long

La planche de bord redessinée faisait appel à des matériaux de meilleure qualité que les précédentes

8277 cm3 et 507 ch !

Le tout dans un fracas de décibels différents d'un V8 ou d'un V12. Un V10 émet sa propre sonorité. Et me revient à l'esprit, l'essai d'une Viper GTS avec laquelle je m'étais rendu aux 24 Heures du Mans en 1999, je crois. Surtout avoir pu tourner sur le grand circuit le samedi matin avec une petite pointe à 200 km/h dans les Hunaudiéres

La 3eme génération de la Viper produite de 2002 à 2007 à 8 190 unités avait été bien améliorée par rapport aux précédentes : châssis et suspensions largement revus, moteur  V10 20 soupapes travaillé par Lamborghini tout en aluminium poussé à 8277 cm3 et 507 ch DIN à 5 600 tr/mn. 100 ch de plus que les première Viper ! Le tout habillé d'une nouvelle carrosserie plus épurée. Malgré une silhouette adoucie pas question de passer inaperçu en RT10 explique Fabrice son heureux propriétaire.

"Je désirais une voiture d'exception genre Honda NSX ou Ferrari en trouvant que cette dernière serait trop voyante. Puis j'ai trouvé cette Viper de 2005  importée en Allemagne qui n'avait que 40 000 miles au compteur. En excellent état, elle avait été déjà restaurée au niveau des freins et de la suspension.   Moi qui souhaitais une voiture discrète, j'ai multiplié par dix le problème ! Les jeunes, les vieux, les enfants s'arrêtent en la voyant et en l'entendant. C'est une voiture d'extra-terrestre. En plus, elle était bien trop bruyante car ses silencieux étaient  sans chicanes C'était insupportable. J'ai fait refaire ses échappements et elle fait moins de bruit".

Malgré les silencieux refaits, le gros V10 tonne encore fort par ses deux grosses sorties latérales.

Colossal V10 en aluminium alimenté par injection de 8277 cm3 avouant 507 ch à 5 600 tr/mn

Large console centrale avec une courte commande de boîte de vitesses comptant 6 rapports

Rester vigilant à son volant

Fabrice insiste sur la double personnalité de sa voiture :

" Elle est à la fois douce et raide avec une suspension très dure où le moindre caillou se fait sentir et pourtant elle avale les ralentisseurs avec souplesse. Je suis très bien assis à l'intérieur, la planche de bord qui avait été redessinée offre une très bonne ergonomie et la capote manuelle se baisse d'une seule main en quelques secondes et son coffre n'est pas négligeable. C'est une voiture qu'il faut piloter en permanence et rester très vigilant à son volant qu'il ne faut pas lâcher ".

En effet, elle est posée sur d'épais pneus de  19 pouces en 345/30 de large à l'arrière et 275 en hauteur 35 seulement à l'avant. Avec 1600 kilos, la Viper est extrêmement sensible aux moindres reliefs de la chaussée et une accélération mal dosée peut renvoyer ipso facto d'où l'on vient voire où on ne voulait pas aller !

Véritables sorties d'air pour évacuer les calories du gros V8. Roues de 18 pouces chaussées de 275/35 à l'avant

Les sièges sont confortables et l'accès à bord n'est pas difficile grâce aux larges portes

Le coffre à la capacité de 240 dm3 impose de voyager léger !

Venimeuse

" La direction est précise et la boîte à 6 rapports est douce et l'embrayage pas trop ferme. Elle n'est pas agréable sur les routes limitées à 80 km/h ou en 6eme le moteur tourne à peine à 1000 tr/mn et risque de caler. Il faut rouler en 5eme. À cette allure, la consommation tourne autour de 15 litres aux 100 mais on peut facilement atteindre plus du double si on l'exploite plus durement. En fait, comme toutes les voitures surpuissantes, elle pousse à faire des bêtises. Souvent mal aimée, elle est réputée accidentogène. Surtout il ne faut pas aller au delà de ses possibilités à son volant. Mais j'avoue que c'est difficile ! `

" Ce passionné est doublé d'un homme sage.

La capote très profilée ne dénature pas la silhouette de la voiture capotée. Elle se manipule d'une seule main

Grosse sortie d'échappement. Les roues arrière sont des 19 pouces chaussées d'imposants 345/30

Comme son aînée la GTS, la RT10 fut proposée en coupé dès 2006