Fiat Uno Turbo i.e : Turbulente et attachante !!

Élue voiture de l'année en 1984, la Fiat Uno produite jusqu'en 1994 a vécu un énorme succès commercial avec plus de 11 millions d'exemplaires fabriqués dans le monde dont 6,2 millions rien qu'en Italie. C'était une voiture très réussie, vivante et amusante. J'en ai d'ailleurs possédé une en deuxième voiture animée par l'excellent petit moteur Fire qui a failli équiper la Peugeot 205 à la place du TU.

En 1985, Fiat a présenté une version plus affutée baptisée Turbo i-e. Son petit 1301 cm3 (dérivé du 1500 de la Ritmo) boosté par un turbocompresseur refroidi par eau et une injection très sophistiquée Bosch (injecteurs refroidis), annonçait l'honorable puissance de 105 ch DIN.  Ils lui permettaient de pointer à 200 km/h avec des relances vigoureuses. De quoi concurrencer la nouvelle 205 GTI 1,6 l, la Renault 5 GT Turbo et la Golf GTI. La Turbo était pimpante, bien équipée et proposée à un tarif (69 900 francs) inférieur à ses concurrentes.   Las, elle ne connut pas le même engouement que ces dernières pour de nombreuses raisons.  En partie, dues à un châssis moins performant aux trains roulant trop étriqués qui avaient vraiment du mal à faire passer sur la route ses chevaux déchaînés.

A part un léger surbaissement de 3 cm, la Turbo de Sébastien semble strictement de série

La voiture de mes 18 ans

Aujourd'hui, Sébastien est restaurateur de voitures anciennes. En 1994 à 18 ans, il a acquis sa première Fiat Uno turbo d'occasion " C'était une version 1985 qui n'était plus très fraiche. Je l'ai entièrement restaurée puis repeinte en rouge. Elle marchait fort. Inconduisible  sous la pluie, j'ai fais quelques sorties de route". Fin du premier épisode.  Resté amoureux de cette voiture, Il remet le couvert en 2012 avec une Uno Turbo 1987 qu'il a entièrement restaurée et revendue puis une troisième en 2018 qu'il ne pourra pas conserver.  En lui, il a toujours l'amour de la Uno Turbo.

Enfin, en 2022, il en déniche une de 1988, une des dernières de la première série, restylée en 1989 avec un 1400 poussé à 118 ch.   Arrêtée depuis 15 ans, elle était dans un état pitoyable, avec un moteur bloqué annonçant 100 000 km. Non seulement Sébastien décide de la restaurer de A à Z mais surtout de l'améliorer".

Longue seulement de 3,64 m, la Uno était plus haute que les compactes de son temps avec 1,41 m favorisant son accessibilité

Sleeper

Esthétiquement sa Uno Turbo semble plus neuve que neuve. Il a tout refait la carrosserie, la peinture Rosso Corsa, la sellerie, les jantes couleur anthracite Speedline sur la dernière version aux ceintures de sécurité rouges. Il a refait les suspensions, l'a rabaissée, rajouté une barre de renfort à l'avant, monté des amortisseurs Koni plus durs, changé tous les silentblocs, cardans, les disques équipés de plus gros étriers. ". J'ai failli découper le toit car elle avait un Sunroof Britax qui était à la mode. Mais c'est dans l'esprit de l'époque. Malgré sa préparation,  je tenais absolument qu'elle conserve l'aspect de série autant au niveau des roues de 175X13 que de la sortie d'échappement ".  On appelle cela une Sleeper aujourd'hui chez les jeunes collectionneurs.

Sébastien m'invite à faire un petit tour. Pendant que le petit 1300 chauffe, mes yeux étonnés retrouvent l'étonnante accessibilité de cette voiture due à ses hautes portes autoclaves mordant le toit ainsi que son vaste volume intérieur pour une longueur de seulement 3,64 m. La légèreté  de ses portes et sa luminosité de son habitacle sont surprenantes aujourd'hui.

Le petit 1301 cm3 monté en position transversale a été profondément revu

C'est du brutal !

Le moteur est enfin chaud mais pas question de tirer dessus. " Toujours dans l'esprit de lui conserver l'aspect d'origine. Si le moteur fait toujours 1301 cm3,  tout a été changé à l'intérieur : gros turbo,  échangeur et Waste-gate plus performants, grand radiateur, injecteurs de Punto GT, arbre à cames plus méchant, pistons forgés, grosse ligne d'échappement. Elle est encore en rodage et pas question de dépasser 4 000 tr/mn. Elle a donné 207 ch au banc d'essai mais elle développera certainement autour de 250 chevaux à 8 000 tr/mn lorsqu'elle sera rodée avec 1,1 bars de pression".

Ferme de suspension, rigide, légère (880 kilos), sa Turbo est dans l'esprit des GTI des années 80. Sur autoroute, sans rétrograder, Sébastien accélère simplement sur la couple du petit moteur.  L'aiguille du mano du Turbo supplémentaire s'envole pendant que nous jaillissons dans un véritable bond en avant dans une furieuse stridulation aigue. Violente. Trop violente même !

Pour Sébastien, cette brutalité fait partie de son charme vénéneux. "J'aime les voitures puissantes, qu'il faut dominer et qu'on doit même craindre. C'était une Uno comme cela dont je rêvais à 18 ans. Heureusement que je n'ai l'ai pas eue, car je ne serais plus là ! C'est vraiment brutal. La cote des Uno Turbo grimpe (15 à 20 000 euros) mais je tiens à la garder. D'abord parce que j'ai réalisé la Uno la plus chère du monde et surtout elle m'aide à garder mes 18 ans".

Pression d'essence, gros turbo, injecteurs spéciaux, grand échangeur, ligne d'échappement revue, etc

La Turbo offrait un volant différent et une instrumentation enrichie

Sébastien a tout de même conservé le Sunroof monté à l'époque

Face au pilote, mano de pression d'huile et du turbo, température d'eau et d'huile

Son propriétaire a tenu à conserver les jantes de seulement 13 pouces gantées en 175. Déjà son gros défaut à l'époque

Présentation assez discrète, le sigle Turbo qui apparait aussi latéralement était très vendeur en 1985

Sellerie spécifique qui a été refaite. L'accessibilité étonne comparée à nos voitures actuelles

La Turbo avait un hayon caractéristique en composite avec une visière incorporée